Photo de cul ... d'ange
Modérateur : Modérateurs
- Le Pingouin noir
- Membre RP
- Messages : 82
- Inscription : 18 décembre 2022 à 09h19
- Localisation : Sud 45 ème parallèle
- Contact :
- ♂
Photo de cul ... d'ange
La couleur abricot, qui d'abord nous contacte, après s'être massée en abondance heureuse et bouclée dans la forme du fruit, s'y trouve par miracle en tout point de la pulpe aussi fort que la saveur soutenue.
Si ce n'est donc jamais qu'une chose petite, ronde, sous la portée presque sans pédoncule, durant au tympanon
Toutefois, il s'agit d'une note insistante, majeure.
Mais cette lune, dans son halo, ne s'entend qu'à mots couverts, à feu doux, et comme sous l'effet de la pédale de feutre.
Ses rayons les plus vifs sont dardés vers son centre. Son rinforzando lui est intérieur.
Nulle autre division n'y est d'ailleurs préparée, qu'en deux : c'est un cul d'ange à la renverse, ou d'enfant-jésus sur la nappe,
Et le bran vénitien qui s'amasse en son centre, s'y montre sous le doigt dans la fente ébauché.
On voit déjà par là ce qui, l'éloignant de l'orange, le rapprocherait de l'amande verte, par exemple.
Mais le feutre dont je parlais ne dissimule ici aucun bâti de bois blanc, aucune déception, aucun leurre : aucun échafaudage pour le studio.
Non. Sous un tégument des plus fins : moins qu'une peau de pêche : une buée, un rien de matité duveteuse – et qui n'a nul besoin d'être ôté, car ce n'est que le simple retournement par pudeur de la dernière tunique – nous mordons ici en pleine réalité, accueillante et fraîche.
Pour les dimensions, une sorte de prune en somme, mais d'une tout autre farine et qui, loin de se fondre en liquide bientôt, tournerait plutôt à la confiture.
Oui, il en est comme de deux cuillerées de confiture accolées.
Et voici donc la palourde des vergers, par quoi nous est confiée aussitôt, au lieu de l'humeur de la mer, celle de la terre ferme et de l'espace des oiseaux, dans une région d'ailleurs favorisée par le soleil.
Son climat, moins marmoréen, moins glacial que celui de la poire, rappellerait plutôt celui de la tuile ronde, méditerranéenne ou chinoise.
Voici, n'en doutons pas, un fruit pour la main droite, fait pour être porté à la bouche aussitôt.
On n'en ferait qu'une bouchée, n'était ce noyau fort dur et relativement importun qu'il y a, si bien qu'on en fait plutôt deux, et au maximum quatre.
C'est alors, en effet, qu'il vient à nos lèvres, ce noyau, d'un merveilleux blond auburn très foncé.
Comme un soleil vu sous l'éclipse à travers un verre fumé, il jette feux et flammes.
Oui, souvent adorné encore d'oripeaux de pulpe, un vrai soleil more-de-Venise, d'un caractère renfermé, sombre et jaloux.
Pour ce qu'il porte avec colère – contre les risques d'avorter – et fronçant un sourcil dur voudrait enfouir au sol la responsabilité entière de l'arbre, qui fleurit rose au printemps.
Francis Ponge, Pièces
Si ce n'est donc jamais qu'une chose petite, ronde, sous la portée presque sans pédoncule, durant au tympanon
Toutefois, il s'agit d'une note insistante, majeure.
Mais cette lune, dans son halo, ne s'entend qu'à mots couverts, à feu doux, et comme sous l'effet de la pédale de feutre.
Ses rayons les plus vifs sont dardés vers son centre. Son rinforzando lui est intérieur.
Nulle autre division n'y est d'ailleurs préparée, qu'en deux : c'est un cul d'ange à la renverse, ou d'enfant-jésus sur la nappe,
Et le bran vénitien qui s'amasse en son centre, s'y montre sous le doigt dans la fente ébauché.
On voit déjà par là ce qui, l'éloignant de l'orange, le rapprocherait de l'amande verte, par exemple.
Mais le feutre dont je parlais ne dissimule ici aucun bâti de bois blanc, aucune déception, aucun leurre : aucun échafaudage pour le studio.
Non. Sous un tégument des plus fins : moins qu'une peau de pêche : une buée, un rien de matité duveteuse – et qui n'a nul besoin d'être ôté, car ce n'est que le simple retournement par pudeur de la dernière tunique – nous mordons ici en pleine réalité, accueillante et fraîche.
Pour les dimensions, une sorte de prune en somme, mais d'une tout autre farine et qui, loin de se fondre en liquide bientôt, tournerait plutôt à la confiture.
Oui, il en est comme de deux cuillerées de confiture accolées.
Et voici donc la palourde des vergers, par quoi nous est confiée aussitôt, au lieu de l'humeur de la mer, celle de la terre ferme et de l'espace des oiseaux, dans une région d'ailleurs favorisée par le soleil.
Son climat, moins marmoréen, moins glacial que celui de la poire, rappellerait plutôt celui de la tuile ronde, méditerranéenne ou chinoise.
Voici, n'en doutons pas, un fruit pour la main droite, fait pour être porté à la bouche aussitôt.
On n'en ferait qu'une bouchée, n'était ce noyau fort dur et relativement importun qu'il y a, si bien qu'on en fait plutôt deux, et au maximum quatre.
C'est alors, en effet, qu'il vient à nos lèvres, ce noyau, d'un merveilleux blond auburn très foncé.
Comme un soleil vu sous l'éclipse à travers un verre fumé, il jette feux et flammes.
Oui, souvent adorné encore d'oripeaux de pulpe, un vrai soleil more-de-Venise, d'un caractère renfermé, sombre et jaloux.
Pour ce qu'il porte avec colère – contre les risques d'avorter – et fronçant un sourcil dur voudrait enfouir au sol la responsabilité entière de l'arbre, qui fleurit rose au printemps.
Francis Ponge, Pièces
- Dmargeur
- Membre RP
- Messages : 2888
- Inscription : 05 mars 2022 à 16h56
- Localisation : Tarn
- Contact :
- ♂
Belle photo de ce fruit ! la couleur, la texture et le format carré idéal pour ta composition !
J'ai quand même fait un tour sur le Web pour faire le lien entre ton titre, le texte magnifique du poète (que je découvre) et ce fruit
auquel j'ajouterai la pêche pour faire le tour complet !!

J'ai quand même fait un tour sur le Web pour faire le lien entre ton titre, le texte magnifique du poète (que je découvre) et ce fruit
auquel j'ajouterai la pêche pour faire le tour complet !!

“L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté.”
André Gide
André Gide
- ambiorix
- Membre RP
- Messages : 7354
- Inscription : 22 mars 2018 à 18h52
- Localisation : Belgique
- Contact :
- ♂
Oufti, j'ai qd mm eu des craintes mais avec une pêche, du sucre de canne et du jus de citron ça le fait!
Bien joué de même que pour le format carré par contre mon coté inculte fait que je ne connaissais pas ce poète

Bien joué de même que pour le format carré par contre mon coté inculte fait que je ne connaissais pas ce poète

Amicalement
Phil
Phil

- miguelcervantes
- Membre RP
- Messages : 23011
- Inscription : 09 avril 2011 à 08h07
- Localisation : Gatineau (Québec)
- Contact :
- ♂



Ta photo, Pingouin, témoigne d’un humour dadaïste tout à fait dans l’esprit du poème de Ponge que tu cites, un poème très irrévérencieux, car il parle du cul des anges

Les anges ont des ailes et une forme humaine, mais ont-ils un cul, un sexe et des fesses

Ta photo est encore plus irrévérencieuse que le poème de Ponge car elle suggère non seulement que les anges ont des fesses, mais qu’entre ces fesses il y entre et/ou en sort quelque chose, comme une origine ou un devenir.
Le pédoncule d’un abricot témoigne de son origine et de son devenir tout comme le nombril d’un être humain.
Quant aux anges, ce sont des êtres spirituels ou psychiques qui hantent notre imaginaire.
François


- Le Pingouin noir
- Membre RP
- Messages : 82
- Inscription : 18 décembre 2022 à 09h19
- Localisation : Sud 45 ème parallèle
- Contact :
- ♂
Miguelcervantes, je n'ai rien rajouté à ce qu'écrit Francis Ponge : "Et le bran vénitien qui s'amasse en son centre, s'y montre sous le doigt dans la fente ébauché."
Je ne suis donc pas plus irrévérencieux que le poète.

- ALAINPHOTOCANON
- Membre RP
- Messages : 2589
- Inscription : 06 août 2021 à 17h33
- Localisation : Toulouse
- Contact :
- ♂
Je supprime le pédoncule
, je recadre , je change la couleur et serait content du titre
merci pour votre compréhension


merci pour votre compréhension

- miguelcervantes
- Membre RP
- Messages : 23011
- Inscription : 09 avril 2011 à 08h07
- Localisation : Gatineau (Québec)
- Contact :
- ♂
ALAINPHOTOCANON a écrit : Je supprime le pédoncule, je recadre , je change la couleur et serait content du titre
![]()
merci pour votre compréhension



Vrai, Alain, que le « péd-encule » est un peu troublant s’agissant ici d’un ange

Ce n’est pas là une photo que j’exposerais dans mon salon, mais elle me fait bien rigoler, un peu comme la chanson Mélanie de Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=DGAZ4Q-vMvg
François

- Le Pingouin noir
- Membre RP
- Messages : 82
- Inscription : 18 décembre 2022 à 09h19
- Localisation : Sud 45 ème parallèle
- Contact :
- ♂
ALAINPHOTOCANON a écrit : Je supprime le pédoncule, je recadre , je change la couleur et serait content du titre
![]()
merci pour votre compréhension
Un texte de Francis Ponge accompagnait ma photo qui se voulait une illustration du poème. Photo qui fait partie d'un ensemble , objet d'une exposition datant de quelques années et qui avait pour titre Le parti pris des choses , nom d'un recueil de textes de F. Ponge.
Bien sûr, on pourrait inculper le poète pour outrage aux bonnes moeurs, comme on l'a fait pour Baudelaire, mais c'est trop tard, il est mort ! On pourrait également brûler certaines oeuvres d' Egon Schiele.

- ALAINPHOTOCANON
- Membre RP
- Messages : 2589
- Inscription : 06 août 2021 à 17h33
- Localisation : Toulouse
- Contact :
- ♂
Vrai, Alain, que le « péd-encule » est un peu troublant s’agissant ici d’un ange
Ce n’est pas là une photo que j’exposerais dans mon salon, mais elle me fait bien rigoler, un peu comme la chanson Mélanie de Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=DGAZ4Q-vMvg
François
En échange avec vous mon ami je peux dire a mon niveau cela :
La pensée et le ressenti pour cet abricot sera différent pour chaque individu ;
cela va dépendre du milieu dans lequel l'on a était élevé , le poète lui l'interprète d'une façon qui ne peut être compris que par une certaine classe de la société car le poème est constitué de mots subtils qui ne peuvent être compris par tous et je dois en faire parti ;
vu par ma personne ici de la classe ouvrière ou les mots dans le ressenti peuvent être plus direct , je dirai que le sujet est subjectif .

Ce n’est pas là une photo que j’exposerais dans mon salon, mais elle me fait bien rigoler, un peu comme la chanson Mélanie de Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=DGAZ4Q-vMvg
François

En échange avec vous mon ami je peux dire a mon niveau cela :
La pensée et le ressenti pour cet abricot sera différent pour chaque individu ;
cela va dépendre du milieu dans lequel l'on a était élevé , le poète lui l'interprète d'une façon qui ne peut être compris que par une certaine classe de la société car le poème est constitué de mots subtils qui ne peuvent être compris par tous et je dois en faire parti ;
vu par ma personne ici de la classe ouvrière ou les mots dans le ressenti peuvent être plus direct , je dirai que le sujet est subjectif .

- Le Pingouin noir
- Membre RP
- Messages : 82
- Inscription : 18 décembre 2022 à 09h19
- Localisation : Sud 45 ème parallèle
- Contact :
- ♂
Classe ouvrière, objection refusée ! Ce n'est certainement pas à moi qu'on peut faire croire que "la classe ouvrière" serait hermétique, en quelque sorte hermétique par naissance, pourquoi ne pas dire génétiquement pendant qu'on y est , aux "mots subtils"! La poésie n'est pas réservée à une "certaine classe ". Verlaine, Rimbaud, Prévert, Brassens, Ferré, Grand Corps Malade , pour ne citer qu'eux, ne pourraient être d'accord avec une telle position . Par ailleurs et par contre, on peut faire partie de la classe ouvrière et être intoxiqué par une idéologie bien pensante, typiquement "petite bourgeoise" pour reprendre une expression marxiste. La conscience de classe n'est pas innée, elle est acquise.
Amicalement,
Le Pingouin ... qui voit rouge .
Amicalement,
Le Pingouin ... qui voit rouge .
- Petitelfe
- Membre RP
- Messages : 3230
- Inscription : 04 avril 2011 à 16h06
- Contact :
- ♀
Ce genre d'image me plaît toujours et je suis assez bon public de ce genre d'humour.
Ceci ne sont pas des belles fesses mais l'image de fesses.
Elle fonctionne très bien toute seule et en série serait tout aussi intéressant
Ceci ne sont pas des belles fesses mais l'image de fesses.
Elle fonctionne très bien toute seule et en série serait tout aussi intéressant
- Cold-Hand
- Membre RP
- Messages : 12439
- Inscription : 23 novembre 2015 à 18h30
- Localisation : Eupen Belgique
- Contact :
- ♂
Cold-Hand
Un loup apprivoisé rêvera toujours de la forêt...
Un loup apprivoisé rêvera toujours de la forêt...
- Lulu
- Sheriff
- Messages : 18397
- Inscription : 28 septembre 2009 à 09h53
- Localisation : Normandie
- Contact :
- ♂
- miguelcervantes
- Membre RP
- Messages : 23011
- Inscription : 09 avril 2011 à 08h07
- Localisation : Gatineau (Québec)
- Contact :
- ♂
Lulu a écrit : ok, amusant ... sans plus
Amusant et… provocant, à mon avis, comme bien des chansons de Brassens, qui, soit dit en passant, est ou se veut poète de la classe ouvrière.
Cette photo a de plus donné lieu à une intéressante discussion conviviale sur le fil.
J’apprécie.
Quant à exposer cette photo sur un mur de mon salon, hmm…. Peut-être. Un sourire et un brin de provocation, c’est déjà quelque chose. Côté formel ou esthétique, y a des courbes agréables et un cadrage intéressant.
François

- did24
- Administrateur
- Messages : 96447
- Inscription : 10 avril 2009 à 22h14
- Localisation : Périgord Noir
- Contact :
- ♂
- Le Pingouin noir
- Membre RP
- Messages : 82
- Inscription : 18 décembre 2022 à 09h19
- Localisation : Sud 45 ème parallèle
- Contact :
- ♂
did24 a écrit : amusant mais pas à tomber de sa chaise non plus
C'est vrai. D'ailleurs, j'ai toujours le cul sur ma chaise.

C'était en fait une réponse du berger à la bergère...
- ALAINPHOTOCANON
- Membre RP
- Messages : 2589
- Inscription : 06 août 2021 à 17h33
- Localisation : Toulouse
- Contact :
- ♂
Qui oserait traité ce faux cul en vrai cul 

Revenir vers « Forum critique photos »
Qui est en ligne ?
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 13 invités