Un exercice très intéressant!
J’aurais tendance moi aussi à accorder la palme à Jean-Marc. Son idée d’élargir la photo en un pano, entre autres, me plaît beaucoup
Ta version me plaît aussi beaucoup, Patrick. Tu as créé une ambiance chaude distincte de toutes les autres propositions (ambiance généralement plutôt froide). C’est peut-être sur la base de ton souvenir de ce paysage à une certaine heure du jour.
Ton analyse de ma proposition me convient tout à fait. J’ai commis deux erreurs : 1) application d’un effet Orton qui estompe des détails et 2) négligence à récupérer de la matière dans les blancs des nuages.
La tradition picturale occidentale me semble éviter systématiquement les blancs éclatants, sans doute parce qu’ils attirent beaucoup l’attention et tendent à « trouer » l’image. Idem pour les noirs purs et très denses (sauf dans les monochromes, dessins et estampes par exemple). Je note entre autres que les peintres impressionnistes usaient très peu des noirs dans leurs tableaux. Les ombres souvent y sont bleutées. Cette approche me convient.
Il me semble aussi que la tradition picturale orientale, dont se sont inspirés bien des peintres modernistes, est différente. En voici un exemple, dû à Hiroshige :
hiroshige-blancs-3.jpg
Les blancs ici sont relativement purs et éclatants. Mais il s’agit en effet d’une estampe et non pas d’un tableau à l’huile par exemple.
L’Orient me semble avoir en général ignoré la peinture à l’huile jusqu’à une date très récente, au moins jusqu’au XXe siècle. Pourquoi? Je ne le sais. Je dirais que c’est en raison d’une tradition picturale particulière.
L’invention et la diffusion de la peinture à l’huile en Occident, il y a un demi-millénaire, me semble avec changé notre regard en l’ouvrant sur un espace à trois dimensions, alors que l’espace pictural médiéval ainsi que l’espace pictural traditionnel oriental sont essentiellement bidimensionnels. La perspective objective et la profondeur y sont absentes, l’arrière-plan et le premier plan, entre autres, y sont tout aussi détaillés. La ligne, le dessin, domine l’image.
À ma connaissance, toutes les œuvres picturales ici en Occident, comme les œuvres picturales orientales, ont misé sur la ligne et le dessin. C’est notamment Léonard de Vinci qui, au XVIe siècle, a remis en question une telle approche en proposant, avec sa Joconde, une œuvre dans laquelle aucune ligne n’est présente selon une technique de son invention appelée « sfumato » : un précurseur de l’effet Orton et qui a profondément influencé ses successeur, notamment le Titien qui, dit-on, dans ses derniers jours, « peignait avec des fumées » (sfumato). Rembrandt et bien d’autres l’ont suivi.
Ce qui est aussi particulièrement intéressant à mon avis, c’est que bien d’autres peintres, notamment Ingres, ont continué de privilégier l’approche linéaire.
Entre les tableaux d’Ingres et ceux de Monet par exemple, c’est comme deux mondes, deux visions opposées.
Qu’en penser?
Je suis d’avis que les arts visuels occidentaux ont depuis au moins un demi-millénaire été ouverts sur la diversité des approches et représentations picturales.
Quant à la photographie, une invention très récente au regard de l’Histoire, elle me semble être au carrefour de plusieurs mondes.
Mon critère d’appréciation dominant en matière d’œuvres visuelles, c’est la cohérence. Je me dis toujours par exemple : « Ce trou de lumière ou d’ombre dans l’image fonctionne-t-il du point de vue esthétique et expressif ». Pas toujours évident.
En l’occurrence, j’ai tendance à croire que ta proposition, avec récupération des blancs, est bien vue
François

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