Amotz Cohen-Paz a écrit : Merci François pour tes mots.
En effet, d'une main Thierry cultive le mystère, mais de l'autre, il sème des miettes... Pour diriger notre attention ?
Merci à toi pour ton retour et ta question, mon ami Amotz
Je peux te répondre ici seulement de mon point de vue.
Je suis d’avis que l’approche de Revlan est essentiellement poétique. Et, dans cette approche, il me semble un peu seul en son genre ici sur RP.
Les poètes et les artistes poétiques en général me semblent souvent énigmatiques, non pas parce qu’ils cherchent à nous égarer mais parce qu’ils témoignent de mystères ou plus exactement d’une étrangeté : l’étrangeté de l’être que nous sommes.
« D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? » Tel est le titre du plus grand chef-d’œuvre du peintre Gauguin peint par lui au lendemain d’un suicide raté.
Bien des poèmes, des tableaux, des œuvres d’art sont aujourd’hui pour nous des énigmes. Dans la plupart des cas, leurs auteurs ne me semblent jamais avoir voulu nous égarer, ni semer des « miettes » comme le Petit Poucet sur son chemin.
Je dirais que Revlan, comme Gauguin et bien d’autres artistes et poètes, n’a pas de réponse à nos grandes questions existentielles. Il témoigne de son vécu en tant qu’être humain, de son voyage dans cette « forêt de symboles » que nous habitons tous et toutes, où parfois les arbres nous observent avec des regards familiers.
Quand Revlan nous invite au voyage, ce n’est pas un voyage dans l’espace et le temps, c’est un voyage à l’intérieur de cette conscience intime qui réside en nous comme une présence incontournable et un mystère, et qui fait de nous des étrangers dans le vaste Univers connu de nous.
Mes mots ici peuvent sembler mystérieux et étranges. Mais ce mystère et cette étrangeté sont en nous. Revlan en témoigne dans son œuvre artistique et poétique, comme bien d’autres artistes et poètes avant lui.
Revlan a publié ici sur RP une série de photos sous le titre « Spleen et Idéal ». Cette série me semble séminale dans son œuvre. Un commentateur lui a dit et je cite de mémoire : « Je vois bien ici le Spleen, mais où est l’Idéal ». Revlan lui a répondu : « Regarde par la fenêtre ». Quelle belle réponse
Les photos de Revlan ont toujours été et sont toujours, à mes yeux, l’expression d’un Idéal, notamment un idéal de Beauté et d’expressivité. Elles ont en moi des résonnances. Elles me séduisent et m’interpellent. Comme d’autres photos, images ou textes, elles ouvrent des fenêtres dans ma maison et contribuent à élargir mes horizons.
Une œuvre d’art doit-elle être une réponse à une question? Je partage ici l’avis du dramaturge Anton Tchekhov, à savoir qu’une œuvre d’art vaut surtout par la pertinence des questions qu’elle pose et notamment, à mon avis, par la puissance des résonnances qu’elle évoque dans notre imaginaire.
Si tu cherches des réponses dans les photos de Revlan, tu n’en trouveras pas. Mais si tu acceptes son ticket de voyage, ce sera à mon avis une bien belle et enrichissante aventure. C’est un peu ici comme embarquer à bord du navire d’Ulysse.
François
