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Sur la route de Madison ...
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C'est énigmatique et perturbant à souhait. J'aime aussi beaucoup le ton chaud.
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Scaër a écrit : C'est énigmatique et perturbant à souhait. J'aime aussi beaucoup le ton chaud.
+1
Chacune de tes photos, Thierry, est pour moi une surprise et une découverte. (Et je comprends l’adhésion de l’ami Yves, car cette image m’a paru, notamment par sa colorimétrie chaude et le traitement à l’ancienne, avoir des atomes crochus avec son approche de la photographie, son sentiment intime.)
Tu m’entraînes dans un labyrinthe rempli d’énigmes et de mirages avec à peine un fil d’Ariane pour me guider.
Le minotaure est toujours aux aguets, tapi dans l’ombre.
La présente photo me semble s’écarter de ta production historique notamment par son format (paysage) et son traitement monochrome à l’ancienne.
Par ailleurs, j’y retrouve ton souci, présent dans plusieurs de tes photos, d’évoquer une photo tirée d’un vieux négatif usé par le temps.
Dans l’ensemble ton traitement me semble très bien adapté à ton sujet, une œuvre cinématographique, « Sur la route de Madison », dont l’intrigue tourne autour de vieux souvenirs qui peu à peu se dévoilent dans la maison d’une défunte.
J’apprécie tout particulièrement le jeu des reflets, des textures et des flous ainsi que la composition, le rythme et la musicalité.
La maison est située à l’intersection de trois axes de lecture et se distingue en outre par un double rectangle de lumière vive : une fenêtre qui s’ouvre dans la nuit, un motif présent dans un très grand nombre de tes photos.
Voici un schéma illustrant la composition de ta photo selon les axes de lecture privilégiés (diagonale descendante, tiers vertical droit et tiers horizontal bas) :
Une telle composition classique évoque pour moi un sens intuitif de la musique. Je ne sais pas si tu es musicien, Thierry, mais je suis convaincu que tu es mélomane dans ton souci du rythme, de l’harmonie et de la mélodie.
Je me contente ici de quelques mots alors qu’il y aurait encore bien plus à dire tant cette image est riche aussi bien du point de vue plastique ou formel que du point de vue poétique.
Un coup de cœur pour moi



François





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Comme souvent, tes photos sont énigmatiques. Et ce n'est pas un mal !
On ressent un enfermement entre autres par les barreaux. Personnellement, je trouve que c'est un peu trop... mais peut-être bien que demain matin, tout sera ok !
On ressent un enfermement entre autres par les barreaux. Personnellement, je trouve que c'est un peu trop... mais peut-être bien que demain matin, tout sera ok !

Photographier, c'est prendre le temps de regarder et voir autrement.
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Bib a écrit : Comme souvent, tes photos sont énigmatiques. Et ce n'est pas un mal !
On ressent un enfermement entre autres par les barreaux. Personnellement, je trouve que c'est un peu trop... mais peut-être bien que demain matin, tout sera ok !
Je partage ton ressenti, Bib. Devant cette photo énigmatique, j’éprouve un sentiment d’oppression.
Je note que de nombreuses photos de Revlan, sinon la majorité, éveillent en moi un tel sentiment : un mystère angoissant, un cri venu des profondeurs (De profundis clamavi).
L’univers de Revlan, même dans ses rares clartés, me semble bien sombre. Je n’y ai jamais senti l’expression de la joie, sinon dans le processus même de la création artistique, qui me semble être pour lui une espèce de catharsis, c’est-à-dire une manière de « purification des passions ».
Au-delà de la « sombritude » et du sentiment d’oppression, je sens chez Revlan une volonté de jouer, comme un musicien joue sur son instrument pour produire des mélodies. L’esprit du jeu me semble omniprésent, comme en témoigne notamment sa série intitulée « À la recherche du lapin blanc ».
Les photos de Revlan sont à mes yeux comme des adagios, des thrènes, des mélopées. C’est en cela que je les trouve belles et séduisantes. Je n’hésiterais pas à les afficher sur les murs de mon salon. Car leur musique et leur poésie l’emportent pour moi sur le sentiment d’oppression qu’elles évoquent.
À mon avis, il n’y a pour un authentique artiste de plus grande tragédie que de se voir coupé de la création, du « langage des fleurs et des choses muettes ». La création est pour lui sa seule fenêtre.
« Autrefois
Autrefois j'ai fait des poèmes
Qui contenaient tout le rayon
Du centre à la périphérie et au-delà
Comme s'il n'y avait pas de périphérie mais le centre seul
Et comme si j'étais le soleil: à l'entour l'espace illimité
C'est qu'on prend de l'élan à jaillir tout au long du rayon
C'est qu'on acquiert une prodigieuse vitesse de bolide
Quelle attraction centrale peut alors empêcher qu'on s'échappe
Quel dôme de firmament concave qu'on le perce
Quand on a cet élan pour éclater dans l'Au-delà.
Mais on apprend que la terre n'est pas plate
Mais une sphère et que le centre n'est pas au milieu
Mais au centre
Et l'on apprend la longueur du rayon ce chemin trop parcouru
Et l'on connaît bientôt la surface
Du globe tout mesuré inspecté arpenté vieux sentier
Tout battu
Alors la pauvre tâche
De pousser le périmètre à sa limite
Dans l'espoir à la surface du globe d'une fissure,
Dans l'espoir et d'un éclatement des bornes
Par quoi retrouver libre l'air et la lumière.
Hélas tantôt désespoir
L'élan de l'entier rayon devenu
Ce point mort sur la surface.
Tel un homme
Sur le chemin trop court par la crainte du port
Raccourcit l'enjambée et s'attarde à venir
Il me faut devenir subtil
Afin de, divisant à l'infini l'infime distance
De la corde à l'arc,
Créer par ingéniosité un espace analogue à l' Au-delà
Et trouver dans ce réduit matière
Pour vivre et l'art. »
(Hector de Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l’espace, 1937)
Voici encore un mot de la poétesse Anne Hébert à ce sujet :
« PETIT DÉSESPOIR
La rivière a repris les îles que j’aimais
Les clefs du silence sont perdues
La rose trémière n’a pas tant d’odeur qu’on croyait
L’eau autant de secrets qu’elle le chante
Mon cœur est rompu
L’instant ne le porte plus. »
Anne HÉBERT
Extrait de « Poèmes », aux éditions du Seuil
Dans un même esprit, un peintre canadien a dit un jour que l’Art était pour lui une manière de lutter contre la mort. Un autre encore, Christian Bolanski, a dit : « Une grande partie de mon œuvre a été d’essayer de lutter contre la mort, d’arrêter le temps. »
Pour ma part, ce que je ressens surtout dans l’œuvre de Revlan, c’est justement une volonté de mettre à profit l’Art, en l’occurrence la poésie, l’imagerie et la musique, pour lutter contre la mort et le désespoir, voire même « arrêter le temps ». Et il est loin d’être seul à marcher sur ce chemin.
Je ne suis pas certain de comprendre Revlan. J’aime voyager dans son Univers de résonnances/consonnances et échanger avec lui. Je crois entendre sa musique.
François




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Le spectateur est saisi d'effroi ; la composition et la tonalité participent largement à ce sentiment face à cette image chargée d'une pluralité de sens. 

Toutes mes photos sont parties à la poubelle; c'est une avancée décisive.
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Merci pour vos passages ici et juste pour info il ne s’agit pas de barreaux mais juste d’un reflet sur une structure de serre avec une certaine nostalgie qui m’a fait penser au film de Clint Eastwood …
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revlan a écrit : Merci pour vos passages ici et juste pour info il ne s’agit pas de barreaux mais juste d’un reflet sur une structure de serre avec une certaine nostalgie qui m’a fait penser au film de Clint Eastwood …
Telle a été aussi mon impression, Thierry : un reflet sur une surface vitrée réfléchissante comportant des montants.
Je note, entre autres, que tes photos sont souvent des « images d’images », comme c’est le cas pour des reflets sur des surfaces réfléchissantes. La raison pourrait en être que le monde dit objectif, le monde des objets en tant qu’objets, est sans intérêt pour toi. Tes photos me semblent au contraire être toujours des « visions », des échos, des résonnances, témoignant de tes ressentis et de ton Univers intérieur qui me parle d’un sentiment universel d’exil, évoqué notamment par des auteurs et philosophes tels que Heidegger, Sartres et Camus : l’inquiétante étrangeté de l’Être.
François




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En suggérant simplement, une photo peut susciter le crainte et la peur. Bravo!
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J'aime beaucoup, mais j'aurais préféré sans la texture et le vignetage et donc avec un rendu plus neutre et contemporain...
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