emprise.jpg
L'Emprise ...
Modérateur : Modérateurs
-
- Membre RP
- Messages : 636
- Inscription : 23 octobre 2022 à 16h32
- Localisation : Nice
- ♂
-
- Membre RP
- Messages : 2887
- Inscription : 05 mars 2022 à 16h56
- Localisation : Tarn
- ♂
Sans doute ce vers quoi je me tournerais si j'étais au fond d'un cachot humide...


“L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté.”
André Gide
André Gide
-
- Membre RP
- Messages : 22317
- Inscription : 09 avril 2011 à 08h07
- Localisation : Gatineau (Québec)
- ♂
Je vois ici l’évocation d’un soupirail, une ouverture pratiquée dans le haut d’un mur pour laisser entrer un peu de lumière dans un lieu qui n’est pas conçu pour être habité, mettons une cave vue comme un entrepôt ou un débarras, voire une geôle, une prison, un austère lieu de détention.
L’angle de prise de vue est tel qu’on peut croire que le sujet est plaqué contre le sol, sans réel accès à cette ouverture, qui en outre est munie de barreaux.
À travers cette ouverture, rien n’est vraiment discernable : des brumes, des vapeurs, des spectres. On croirait y voir un cimetière. L’espoir d’une délivrance semble ici vaincu.
Voilà une excellente illustration d’un célèbre poème des Fleurs du Mal, de Baudelaire, intitulé Spleen LXXVIII :
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
« Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
« Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
« Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
« - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »
On se demandera sans doute pourquoi Revlan, d’une image à l’autre, évoque sans cesse le monde des Fleurs du Mal, de Baudelaire.
Je dirais que c’est parce qu’un tel monde nous habite toutes et tous, bien qu’il ne se révèle à nous que par épisodes, mettons dans nos moments de deuil ou de grande solitude. De tels moments font partie de notre vécu, de notre histoire, de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains, dans notre fragilité et notre humanité.
Rien de ce qui appartient à notre humanité ne m’est étranger. Et c’est pourquoi j’ai toujours considéré Revlan/Nerval comme un artiste humaniste.
Je note aussi que tout comme Baudelaire et bien d’autres poètes et artistes, l’Art est pour Revlan une ouverture, un espace s’ouvrant sur la communication et susceptible de jeter des ponts entre les solitudes. C’est ainsi que l’Art n’est jamais désespérance. Le simple fait d’être artiste, de croire en la puissance de l’Art, de jouer le jeu de l’Art, c’est livrer combat contre le silence, la solitude et la mort.
L’Art, de tout temps, depuis ses origines, me semble avoir été entre autres une voix en lutte contre le silence, la solitude et la mort. Et telle me semble être la voix de Revlan/Nerval.
François

L’angle de prise de vue est tel qu’on peut croire que le sujet est plaqué contre le sol, sans réel accès à cette ouverture, qui en outre est munie de barreaux.
À travers cette ouverture, rien n’est vraiment discernable : des brumes, des vapeurs, des spectres. On croirait y voir un cimetière. L’espoir d’une délivrance semble ici vaincu.
Voilà une excellente illustration d’un célèbre poème des Fleurs du Mal, de Baudelaire, intitulé Spleen LXXVIII :
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
« Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
« Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
« Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
« - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »
On se demandera sans doute pourquoi Revlan, d’une image à l’autre, évoque sans cesse le monde des Fleurs du Mal, de Baudelaire.
Je dirais que c’est parce qu’un tel monde nous habite toutes et tous, bien qu’il ne se révèle à nous que par épisodes, mettons dans nos moments de deuil ou de grande solitude. De tels moments font partie de notre vécu, de notre histoire, de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains, dans notre fragilité et notre humanité.
Rien de ce qui appartient à notre humanité ne m’est étranger. Et c’est pourquoi j’ai toujours considéré Revlan/Nerval comme un artiste humaniste.
Je note aussi que tout comme Baudelaire et bien d’autres poètes et artistes, l’Art est pour Revlan une ouverture, un espace s’ouvrant sur la communication et susceptible de jeter des ponts entre les solitudes. C’est ainsi que l’Art n’est jamais désespérance. Le simple fait d’être artiste, de croire en la puissance de l’Art, de jouer le jeu de l’Art, c’est livrer combat contre le silence, la solitude et la mort.
L’Art, de tout temps, depuis ses origines, me semble avoir été entre autres une voix en lutte contre le silence, la solitude et la mort. Et telle me semble être la voix de Revlan/Nerval.
François




-
- Membre RP
- Messages : 926
- Inscription : 09 décembre 2017 à 08h45
- Localisation : Finistère
- ♂
Je vois un cachot dont les barreaux sont inutiles tant le monde extérieur semble inquiétant.
-
- Membre RP
- Messages : 636
- Inscription : 23 octobre 2022 à 16h32
- Localisation : Nice
- ♂
Merci à vous trois pour vos mots et ressentis …
Revenir vers « Forum essais & traitements »
Qui est en ligne ?
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité