Une intrigante photo qui m’invite à découvrir ce site de Mers-les-bains, son histoire, voire son mystère.
Merci CNI, et merci RP, pour cette belle invitation au voyage!
Cette photo montre un détail d’architectures telles que je n’en avait jamais vues. Je n’en connais aucun exemple ici dans mon pays.
Du point de vue de l’étonnante colorimétrie, variée et truculente, ce qui s’en rapproche ici au Québec le plus à ma connaissance, ce sont les maisons du quartier portugais à Montréal, dont les vives couleurs franches contrastent d’un bâtiment à l’autre, à la manière d’une de ces courtepointes appelées ici « pointes folles », en anglais « crazy quilts ». Il me semble y avoir en effet à Mers-les-bains une « pointe de folie », d’extravagance.
Selon mes brèves recherches sur le Net, de nombreux architectes de renom ont contribué à façonner le profil de Mers-les-bains sur une période allant des années 1870 aux années 1930. Par la suite, des autorités locales ont tenté de préserver l’intégrité architecturale du lieu. Depuis 1986, le quartier balnéaire de Mers-les-bains est un site protégé appartenant au patrimoine architectural de la France. C’est une merveille!
Quant au « mystère » de Mers-les-bains, mes brèves recherches sur le Net ne m’ont pas permis de l’élucider et peut-être m’y aiderez-vous. La question est la suivante : « D’où vient ce choix d’une telle colorimétrie variée et contrastante, d’un bâtiment à l’autre? »
J’ai à ce sujet deux hypothèses bien fragiles. La première est que les architectes ont toujours eu le souci du respect de l’intégrité des lieux : construire en fonction de l’esprit du lieu et de son histoire. Or, Mers-les-Bains, avant de devenir une station balnéaire au XIXe siècle, était un petit village de pêcheurs. Et il se trouve que plusieurs petits villages de pêcheurs arborent de telles couleurs. Mais pourquoi? Voilà une autre énigme. Voici ce que dit un spécialiste québécois à ce sujet en ce qui concerne l’étonnante colorimétrie dans certains secteurs du quartier portugais de Montréal : « une légende urbaine rapportée par des guides touristiques — mais dont on ne peut confirmer la véracité — prétend aussi que cette coutume de couleurs a été apportée à Montréal par les pêcheurs portugais en particulier. “C’est d’abord leur barque qu’ils peignaient de couleurs vives. Et ils utilisaient ce qui restait de peinture pour peindre leur maison – ou tout au moins la façade de leur maison. La barque du pêcheur et sa maison étaient de la même couleur. De cette façon, lorsqu’ils étaient en mer, leur barque restait bien visible pour les gens qui restaient à terre. Et les éventuels acheteurs de poissons savaient, par la couleur de la maison, à quel endroit, chaque jour, ils allaient trouver du poisson frais… C’était une forme de publicité !”
Que cette légende dise vrai ou pas, je ne peux le confirmer. Mais il reste à mon avis que les traditions ont la vie dure. J’ai donc tendance à croire qu’il existait dans le passé à Mers-les-bains, autrefois un petit village de pêcheurs, comme l’attestent les historiens, une coutume des habitants de peindre ainsi leurs maisons. Or, ces quelques maisons d’origine sont aujourd’hui disparues et les témoins matériels de leur existence sont rares, sinon absents.
Je crois aussi, comme je l’ai déjà suggéré ci-dessus, que souvent les architectes s’inspirent de l’esprit d’un lieu et de son histoire.
Une deuxième hypothèse, complémentaire, que j’avance avec précaution serait que les constructeurs de ces bâtiments nouveaux, issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie, comme en témoignent les historiens, avaient le souci de donner à leurs résidences secondaires, ces « villas », une personnalité distincte, comme en témoigne le fait qu’un grand nombre de ces « villas » portent des noms affichés sur leur façade, souvent des noms de personnes, en particulier des femmes telles qu’Hortense etc.
Tel me semble donc être le « mystère » de Mers-les-bains.
J’aime les mystères tout autant que les tentatives qu’on tente pour les élucider.
Voilà un bien long commentaire, une exploration, un questionnement qui s’éloigne d’une lecture strictement technique, formelle, plastique et photographique de ta photo, CNI.
À mes yeux, une bonne photo en est souvent une qui me questionne et m’invite à un voyage, une exploration, un questionnement, une recherche. Telle est la photo que tu partages ici avec nous.
Je vois RP entre autres comme un espace qui s’ouvre sur des découvertes et des émerveillements.
J’aime toutes les photos qui me parlent et ouvrent des fenêtres dans ma maison.
RP est à mes yeux une invitation au voyage ainsi qu’au partage et à la discussion de nos récits de voyage.
Au plaisir de te voir et revoir ici, mon ami!
François
