Comme souvent, sinon toujours, Thierry, tu fournis bien peu de contexte, sinon aucun, sur les objets et les lieux qui figurent dans tes images. Cela me semble faire partie de ta signature poétique.
L’important pour toi me semble non pas de dire ou de décrire ce qui est devant tes yeux, mais plutôt d’évoquer les résonnances que ces visions ont en toi.
Il n’y a dans cette image aucune figuration d’un albatros. Ton titre renvoie à un célèbre poème de Baudelaire :
« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »
Ch. Baudelaire, L’Albatros, in Les Fleurs du Mal
La très belle photo que tu partages avec nous ici me parle d’une impasse. Contrairement à plusieurs autres de tes photos, elle me semble sans issue. Le seule fenêtre qui s’y ouvre est un trou noir bloqué par une grille.
L’Albatros, ce géant du ciel, pourra-t-il reprendre son vol?
Étrangement un tel trou noir, dans ta photo, me semble rayonner, diffuser une lumière autour de lui. Telle est peut-être l’issue. Il n’est pas impossible, selon la science physique moderne, que des trous noirs soient les moteurs des galaxies et ainsi maîtres de la danse des étoiles.
François
