Lulu a écrit : ça cause sévère, mais pourquoi ce cadre typé argentique ? bon une fois sur deux voir trois j'aime, ici j'aime, mais pas cet artifice de "cadre" , genre c'est argentique

Je suis comme toi impressionné par cette photo, Lulu
Et comme toujours tu poses une bonne question : Pourquoi ce cadre ajouté?
Ayant remarqué depuis au moins dix ans de tels cadres ajoutés très fréquemment dans les photos de Thierry, je suis convaincu qu’il y a une raison à cela, une raison qui s’impose à son regard et à sa conscience en dehors de tout souci intellectuel ou factice.
Cette raison me semble être que Thierry considère ses photos non pas comme des reproductions ou simulacres de la réalité, mais comme des images et des visions. C’est ainsi, à mon avis, qu’il tend souvent à les mettre « entre parenthèses », aussi bien par un cadre limitrophe que par un vignettage.
Il y a ici un message : « Ceci est une image. »
Loin de vouloir induire le regardeur en erreur, il dit la vérité « Une image est une image ».
En cela, il me semble aller tout à fait dans l’esprit des Fleurs du mal, de Charles Baudelaire :
« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants.
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »
Ch. Baudelaire, Correspondances, in Les Fleurs du Mal
Pour le reste, je note enfin qu’ici comme bien souvent sinon toujours, Thierry met sa photo en dialogue avec une œuvre d’art, en l’occurrence une chanson de Pink Floyd, qui elle-même évoque un poème de Baudelaire :
« Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. »
Ch. Baudelaire, Au lecteur, in Les Fleurs du Mal.
Nota : l’helminthe est un ver parasite de l’homme et de certains mammifères.
Au plaisir de lire Revlan à ce sujet.
François
