Dinuzzo68 a écrit : J'aurais de mon côté besoin d'un peu plus de contexte afin de laisser un message ici. C'est très bien réalisé mais je n'ai pas les facultés nécessaires pour commenter.
Comme bien d’autres ici, je suis presque toujours déboussolé par les photos de Revlan. J’ai l’impression de pénétrer dans un autre univers, insolite, un peu comme l’envers du miroir.
Je commente toujours ses photos selon les résonnances qu’elles ont en moi. Parfois, mon ressenti correspond au sien.
Comme je l’ai déjà dit, ce qui me frappe notamment dans l’approche de Revlan, c’est qu’il renonce à toute approche descriptive, réaliste ou documentaire, y compris à la diffusion de "messages". Ce sont à mon avis des « visions » qu’il nous présente, des « images » qui se désignent elles-mêmes en tant qu’images, d’où par exemple son choix, judicieux, de souvent y introduire du flou, des trames ou textures ainsi que des encadrements intégrés à la photo.
Les photos de Revlan sont à mes yeux à la fois visionnaires, poétiques, artistiques, intimistes et expressionnistes. Elles échappent à l’instant pour nous plonger dans une rêverie. Une telle approche s’écarte largement de la conception ordinaire de la photographie en tant que témoin de l’instant réel, optique et objectif. Il ne dit pas « Voilà ce que j’ai vu » mais plutôt « Voilà ce que j’ai ressenti », « Voilà ce que m’a inspiré ce que j’ai vu de mes yeux et photographié. »
À ma connaissance, Revlan ne pratique pas le « collage » au sens strict. Il n’introduit dans ses photos d’origine aucun personnage ni aucun objet étranger à sa photo d’origine. L’essentiel de son travail en PT consiste à moduler le jeu des ombres et des lumières dans un but artistique et expressif. Les textures qu’il ajoute souvent ne représentent rien sinon le passage du temps et l’authenticité de l’image qui se dévoile en tant qu’image.
Tout comme certains autres auteurs ici sur RP, par exemple les amis Scaër et Goliath, Revlan me semble être un photographe intuitif, bien loin de toute forme d’intellectualisme. Ses références fréquentes à la littérature et à la poésie témoignent de son vécu et de ses lectures.
Certains de ses thèmes sont récurrents : la mort, le spleen (et l’idéal), les illusions perdues, les paradis perdus. C’est caractéristique de son regard.
De même, Revlan m’a toujours semblé fidèle à une certaine approche excluant la représentation de toute identité personnelle, y compris dans ses autoportraits. Il privilégie notamment les spectres, les silhouettes, les reflets, les ombres portées, les visages voilés, etc. C’est caractéristique de son regard.
Revlan est à mon avis un talentueux photographe de l’âme humaine et de l’inquiétante étrangeté de l’être.
J’invite tous les membres à commenter ici ses photos, comme celles des autres auteurs, selon leur ressenti, quitte à dire seulement : « Ça me parle, mais je ne comprends pas et je ne sais pas quoi dire. »
J’ai pour ma part tendance à commenter longuement les photos exceptionnelles qui me sortent de mon confort. J’ose.
Revlan sera à mon avis ravi d’entendre de tels commentaires authentiques, qu’ils soient ou non conformes à sa vision.
Bravo, Thierry!
François
