De profundis clamavi ...

[revlan]

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[Dmargeur]

On ne voit pas grand chose au bout de ces marches...sinon une faible lueur.
Une fois traduit le titre, je me rend compte que l'espoir d'une réponse est plutôt mince !
C'est un peu ce que m'invite à faire ta photo : tendre l'oreille.

[miguelcervantes]

Comme toujours, Thierry, tu m’entraînes ici dans une aventure, l’aventure d’Orphée, celle d’Ulysse…

À l’instar de bien des imagiers et poètes, notamment Baudelaire, tu m’entraînes dans ce monde de ténèbres qui m’habite comme tout le monde, notamment dans nos moments de deuil.

Ce monde de ténèbres est comme l’envers de la lumière et dans une relation d’osmose, d’interpénétration, avec la lumière.

Ce monde de ténèbres est inhérent, comme celui de la lumière, à ce que nous sommes en tant qu’êtres humains.

Dans le quotidien de nos vies, il n’y pas de lumière sans ombre ni d’ombre sans lumière.

À ma connaissance, dans toute l’histoire des arts et de la littérature, les grands poètes, du moins ici en Occident, ont évoqué tout aussi bien la lumière que l’ombre, depuis au moins l’Odyssée d’Homère, un récit plus que deux fois millénaire.

Certains ici sur RP ont suggéré que tu étais le chantre de l’ombre et de la mort. Je ne le crois pas. Tu es à mes yeux un authentique artiste et comme tous les authentiques artistes tu luttes contre la mort par la puissance des images et de la poésie.

L’Art en soi est à mes yeux toujours une lutte contre la mort, selon notamment les mots d’un de nos peintres canadiens. J’adhère.

Tes photos me semblent toujours être une ouverture sur la lumière, une fenêtre, un appel, un cri, tout comme les Fleurs du Mal de Baudelaire :

« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les ésthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gayement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes ! »

Élévation, Ch. Baudelaire, in Les Fleurs du Mal

En bref, Thierry, tu es à mes yeux non seulement un photographe, mais aussi un poète, un artiste et un humaniste.

François

[miguelcervantes]

Bien peu de commentaires sur ce beau NB dans l’esprit des images du cinéma expressionniste allemand.

Il faut dire que le titre a quelque chose d’inquiétant voire d’effrayant : « De profundis clamavi… ». En français : « Des profondeurs, je crie… » Il s’agit là d’un extrait de notre Bible chrétienne. C’est aussi le titre d’un poème de Baudelaire ainsi que le sujet d’un célèbre tableau du peintre Edvard Munch, intitulé « Le Cri ».

J’ai l’impression que nous avons toutes et tous tendance à préférer des images lumineuses et joyeuses, enchanteresses, qui nous parlent d’un Eden, d’un paradis sur Terre.

Or, Revlan, d’une image à l’autre évoque sans cesse, avec lucidité, notre éloignement de l’Eden : les Paradis Perdus. Il le fait toutefois toujours avec un regard nostalgique et en ouvrant des fenêtres sur un autre monde, d’autres mondes possibles dans le rêve, l’idéal, le projet et la transcendance.

Revlan est à mes yeux un photographe humaniste en ce sens que la condition humaine est au cœur de sa production imagière, avec ses ombres et ses lumières en présence de tous les spectres qui hantent notre imaginaire au sein de nos solitudes et des profondeurs de nos nuits, comme dans la dramaturgie de Shakespeare par exemple.

Je vois Revlan un peu comme le mythique musicien Orphée qui tente une descente aux Enfers dans l’espoir d’en ramener sa bien-aimée Eurydice.

À mon avis, Revlan ne désespère pas. Il persiste dans sa démarche en tant que photographe et artiste dans un unique but : lutter par l’Art contre la Mort.

François

[Bib]

Un N&B qui semble mener vers un sans issue.
On pourrait presque se demander si on monte, ou si on descend... mais ce n'est pas important.
Très bon N&B!

[Olivier1733]

Un N&B qui magnifie cet escalier qui laisse partir l'imagination
Bravo

[Lulu]

Je verrais bien la lumière en haut et de la pénombre en bas .... un truc certainement basique, mais logique pour moi

[ALAINPHOTOCANON]

Je lirai les commentaires après avoir posté le mien;
Le rendu de cet escalier me stress et je le monte rapidement pour voir la lumière de la vie.

[miguelcervantes]

Je verrais bien la lumière en haut et de la pénombre en bas .... un truc certainement basique, mais logique pour moi

Voilà une excellente question, Lulu

C’est à mon avis un choix que l’auteur a fait de présenter l’ouverture en haut moins lumineuse que le bas de l’image.

C’est à mon avis parce que l’ouverture en haut est un peu comme le chas d’une aiguille, une toute petite ouverture sur la transcendance, pourtant essentielle.

Je suis d’avis qu’en tant qu’êtres humains, nous avons nécessairement une ouverture sur la transcendance, bien qu’une telle ouverture soit parfois sinon le plus souvent très étroite, comme le chas d’une aiguille.

J’appelle « transcendance » tout ce qui dépasse l’horizon de nos perceptions sensorielles, ce que nous appelons le « réel », et influence notre psychisme et notre imaginaire, notre « âme ».

En tant qu’êtres humains, comme sans doute aucun autre animal connu de nous, nous vivons dans un monde d’images et de symboles :

« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. »

Ch. Baudelaire, Correspondances, in les Fleurs du Mal

François

[revlan]

Merci à vous et si vous passez par ici :
viewtopic.php?t=129708

Ce sera avec grand plaisir que l’on pourra se rencontrer…

[miguelcervantes]

Merci à vous et si vous passez par ici :
viewtopic.php?t=129708

Ce sera avec grand plaisir que l’on pourra se rencontrer…

C’est une grande joie pour moi de te voir exposer tes œuvres, Thierry.

Je suis d’avis qu’il faut les faire connaître.

Ton regard et ton approche de la photographie sont à mon avis uniques ici sur RP.

Contrairement à ce qui a été parfois dit sur le site, tes photos d’une manière ou d’une autre ouvrent toujours des fenêtres sur un idéal, sur le rêve.

Un jour, en réponse à une de tes photos intitulée « Spleen et Idéal », un commentateur t’as dit qu’il y voyait le Spleen mais non pas l’Idéal. Tu lui as répondu : « Regarde par la fenêtre ». Bien peu de mots, mais une réponse éloquente.

Pour ma part, je considère toutes tes photos comme des fenêtres qui s’ouvrent dans ma maison sur le rêve, car tu es un artiste, un poète et, en tant que tel, tu sais, comme Shakespeare, Baudelaire et tous les poètes, que le rêve est l’étoffe dont nous sommes tous faits. Et il se trouve que c’est en rêvant que nous inventons et construisons le monde autour de nous. Jean-Paul Sartre appelait ça « le projet ».

Sédentaire que je suis, je ne serai pas présent à ton vernissage, mais j’invite tous les Rpéens et Rpéennes à lever alors leur verre avec toi.

À mes yeux, Thierry, tu es un photographe, un artiste, un poète et, surtout, un humaniste.

François

[Goliath]

[quote="Olivier1733"] Un N&B qui magnifie cet escalier qui laisse partir l'imagination
Bravo[/quot

Pareillement

[Scaër]

Encore une qui parle, qui me parle.