Tes photos, Serge, m’interpellent tout autant par ce qu’elles montrent que par ton regard et ton questionnement, ce qu’elles suggèrent.
Un titre évocateur, comme celui que tu as choisi ici, me plonge dans une rêverie : « Sur la route toute la sainte journée ».
Tu parles tout en n’affirmant rien. Tu suggères et invites au voyage.
Tu joues sur les mots, sur le pouvoir des mots, leurs résonnances dans l’usage et dans l’imaginaire.
L’expression « toute la sainte journée » ne veut dire rien d’autre que « toute la journée ». Le mot « sainte » lui donne toutefois des résonnances particulières dans l’imaginaire.
Le chemin de la sainteté est en effet âpre et aride, selon les mots d’un commentateur ci-dessus.
Quant à savoir où conduit ce chemin et s’il convient ou non d’y marcher et avancer, tu n’en dis rien.
Quant aux voyageurs qui ont marché sur la route, il y a a plusieurs, mais pas « toute la sainte journée ». Tout au contraire! L’un de ces premiers grands voyageurs, mythique, s’appelait Ulysse. Le récit de ses voyages, dû au poète grec Homère, est à l’origine de toute notre littérature occidentale.
Comme toujours, en tant que photographe, tu témoignes de ce que tu as vu, tu suggères et tu interroges à partir de ton regard et de ton ressenti en l’absence de tout jugement.
Ton titre « Sur la route toute la sainte journée » évoque pour moi un enchaînement, une contrainte, une répétition des gestes, une incapacité de fuir.
C’est tout le contraire de « Sur la route », de Jack Kérouac, qui est une invitation à l’aventure.
Voilà un bien long commentaire sur une photo et une approche de la photo qui m’interrogent.
François
